Les ailes de mel : test du Systeme rewalk e4
Les ailes de mel : test du Systeme rewalk e4
Système Rewalk, l'exosquelette, 4ème épisode : Après 9 jours de tests
dimanche 10 février 2013
Ces trois jours supplémentaires m’ont vraiment fait progresser. J’ai moins la marche dandinante du début, les réglages et protections ont vraiment été ajustés au mieux, et la vitesse de nouveau augmentée. Je me sens mieux dans la machine, et Thierry commence à me lâcher un peu plus : iI reste derrière pour éviter et anticiper toute perte d’équilibre, mais a moins besoin d'accompagner et guider mes changements d’appuis. J’ai même pu faire une pose dans la salle des enfants, le plus dur étant de diriger la machine au bon endroit sans heurter qui que ce soit ni quoi que ce soit, car on ne peut pas réguler la vitesse de Rewalk en marche (les réglages se font systématiquement lorsque la machine est à l'arrêt, position assise, branchée à l’ordinateur). Et il faut aussi arriver à s’arrêter à temps ! Mais tout s’est bien passé, et j’ai eu le droit à mon verre de jus d’orange bien mérité.
Cependant, au bout de la 9ème matinée, nous avons dû arrêter les séances, car la machine a eu un problème technique. Le Rewalk est finalement retourné chez le fabriquant. En attendant des nouvelles, cette pause va me permettre de bien cicatriser au niveau de mes brulures superficielles.
En attendant la suite des aventures, petit récapitulatif de ma vision du Rewalk :
Rewalk pour remarcher ?
Pour le moment Rewalk ne représente pas pour moi un moyen de «remarcher», mais plus un exercice de kiné. Le regard extérieur est autre. Ce n’est qu’en me voyant sur les vidéos que j’ai pris conscience que je marchais, c’est également le regard porté par mon entourage (famille, amis...)
Mais par rapport à la marche que j’ai connu 12 avant auparavant, ça n’a rien à voir. En fait, lorsque je regarde devant, en étant dans Rewalk, je n’ai aucun moyen de savoir où sont mes pieds, le seul moyen pour moi est de me les représenter dans la tête en me guidant du bruit de la machine ; alors que la marche d’une personne valide est instinctive, on n’a pas besoin d’y penser vraiment (faut dire qu’un valide a beaucoup plus de capteurs qui lui permettent de le renseigner sur la position de ses jambes). De visualiser mentalement mes pieds, cela me permet d’anticiper mes changements d’appuis. L’effort de concentration devient important pour s’adapter au fonctionnement du Rewalk. Il me reste encore beaucoup de travail pour arriver à l’intégrer «machinalement» afin de me permettre de porter mon attention sur autre chose simultanément à la marche. L’Handi précédent (D12) qui avait testé cet exosquelette avait tout de même pu se l’approprier assez vite, c’est donc que c’est possible !
Rewalk, verticalisation dynamique ?
En effet, l’exosquelette Rewalk est un bon moyen, en plus ludique, de se verticaliser. Je pense qu’à long terme il doit éviter les risques d’ostéoporose, d’osthéomes, et atténuer les flexums. Sans oublier les avantages de la mobilisation des membres inférieurs induite. En plus, une séance Rewalk apporte l’équivalent d’une bonne séance de sport et tous ses bienfaits associés !
Rewalk, améliore l’image de soi ?
Pour ce qui est de l’image de soi, pouvoir se tenir debout et «remarcher» peut apporter à beaucoup d’Handis, mais je pense que ça dépend vraiment de notre avancement personnel vis à vis de l’acceptation de notre nouvel «état» suite à l’accident. Certaines personnes de mon entourage n’ont pas manqué de me féliciter, comme si le fait de remarcher était la plus belle des victoires, et que sans ça, je ne pourrais être heureuse. Je pense que ce n’est pas notre moyen de locomotion qui doit jouer sur notre bonheur, mais plus ce qu’on décide de faire de notre vie ;-)
Rewalk permet de retrouver une vision que l’on a connu auparavant (être à la hauteur des personnes valides, ne pas être gênée pour passer dans des endroits plus restreints où le fauteuil ne passerait pas, «bouger» les jambes même si c’est de manière assistée et pouvoir peut-être gravir des escaliers...), mais avec des inconvénients, qui nous empêcheront toujours de pouvoir assimiler cette marche assistée à celle d’un valide. Le fauteuil roulant est pour moi un outil essentiel et indispensable, voir une partie de moi, et présente tout de même de nombreux avantages (vitesse, fluidité, maniabilité, pouvoir poser des affaires sur les genoux en avançant...) même s’il ne me permet pas encore de pouvoir monter des escaliers !
La marche avec le rewalk reste tout de même une marche robotisée avec quelques inconvénients.
L’idéal serait :
-un système allégé niveau poids et encombrement
-une marche plus fluide, et un peu moins bruyante
-une meilleure compréhension des besoins de l’utilisateur, en marche (par exemple pouvoir faire varier la vitesse pendant l’utilisation) ou en mode assis (pouvoir faire un sondage assis, ou s’assoir en voiture et pivoter) pour s’adapter au mieux à notre quotidien
-une utilisation possible du système sans les cannes, même lorsque l’on a pas d’abdos
-un prix plus abordable, avec une prise en charge de la sécurité sociale
(50 000€ actuellement pour un particulier, sans prise en charge même partielle de la sécu pour le moment)
En bref, le Rewalk semble être un fabuleux début, marquant l’avancé de la robotisation au service de la médecine et de la rééducation pour les personnes paralysées. L’utilisation à but thérapeutique remplit relativement bien ses fonctions. Par contre, pour qu’il puisse être utilisé pour le quotidien sans trop de contraintes, il y a pour moi encore pas mal de modifications à mettre en place.
Après 9 séances de test, seconde vidéo du test du Rewalk par Mélanie, para T3-T5
A ne manquer sous aucun prétexte !